
Dans notre article précédent (La vidéosurveillance intelligente 1/2 : un gisement de valeur inexploité), nous avons mis en lumière les avantages concrets qu’apportent la reconnaissance d’image à la vidéosurveillance. En effet, il est déjà possible pour les entreprises de se munir de caméras intelligentes capables entre autres de prévenir des troubles à l’ordre public, alerter d’un danger ou encore d’aider les entreprises à être plus performantes et les consommateurs plus satisfaits. Mais le développement de ces nouveaux outils de captation et d’exploitation vidéo inquiète à juste titre la CNIL, qui réclame un encadrement juridique de la reconnaissance faciale. Elle reconnaît la légitimité des caméras intelligentes, mais elle craint pour les droits et libertés individuelles, notamment la liberté d’aller et venir anonymement.
Si la question de la réglementation sur les données personnelles doit absolument être abordée pour protéger les citoyens, elle n’empêche en rien le développement des caméras intelligentes, car les usages de la reconnaissance d’image ne se limitent pas aux individus, mais traitent les données de l’action humaine dans son ensemble. Il faut prendre en compte les questions des données personnelles, et s’y préparer, mais il faut également sensibiliser les citoyens au sujet de la vidéosurveillance intelligente, afin que le débat ne se limite pas à la crainte d’une technologie liberticide, mais qu’il s’ouvre à la compréhension des avantages réels qu’apportent cette technologie, déjà très réglementée, en termes d’assistance et de protection.
Il est donc important de mettre en place de bonnes pratiques préconisées par la CNIL et d’anonymiser les jeux de données lorsque des visages sont visibles, afin de protéger l’identité des individus. Pour cela, il est tout à fait possible de flouter les visages ou de les couvrir d’un carré noir afin de ne pas dévoiler leur identité. Ainsi, la caméra intelligente reconnaît les actions humaines, mais pas les visages, protégeant ainsi les individus d’une utilisation frauduleuse de leur identité.
Nous pensons avec la CNIL qu’un nouveau cadre juridique adapté aux évolutions technologiques est nécessaire pour protéger la liberté des citoyens, mais il ne faudrait pas que ce cadre contraigne trop les entreprises souhaitant développer la reconnaissance d’image, car dans le cas de la vidéosurveillance comme dans d’autres, celle-ci participe à augmenter la sécurité des personnes sans qu’aucune forme de reconnaissance faciale n’ait nécessairement lieu et plusieurs méthodes d’anonymisation des visages existent, en conformité avec la RGPD.
Article publié dans le blog d’Augustin Marty sur L’Usine Nouvelle.
Augustin Marty est le PDG et co-fondateur de deepomatic, start-up spécialisée dans le développement de solutions de reconnaissance d’images pour les industriels. Diplômé de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, il a créé sa première entreprise en Chine à l’âge de 22 ans, puis a travaillé notamment pour Vinci Construction sur la vente et la conception de projets d’ingénierie.