Les entreprises mettent l’IA au service de la transition écologique

byaugustinm
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Les entreprises mettent l’IA au service de la transition écologique

Au lendemain des inondations dans le sud de la France qui ont fait 11 morts et ont endommagé le département de l’Aude, Le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé vouloir mettre en œuvre une « procédure de catastrophe naturelle accélérée ». Mais concrètement, comment mieux gérer le risque de catastrophes naturelles ? Celles-ci risquent de se multiplier avec le changement climatique, mais l’IA, elle, peut être la solution à de nombreux problèmes environnementaux. Le député Cédric Villani a d’ailleurs exprimé sa volonté de développer des solutions d’intelligence artificielle (IA) pour lutter contre le changement climatique et aborder la transition écologique en dévoilant un rapport sur le développement de l’IA le 29 mars dernier. Parmi les thèmes abordés figuraient l’identification et la préservation de la biodiversité, la réparation des dommages causés, ou encore la modélisation de l’impact de l’Homme sur l’environnement grâce à l’IA. Une avancée sur ce dernier thème permettrait de prévenir de futures catastrophes liées aux intempéries. En effet, les ravages des inondations dans l’Aude étaient en partie dus à une urbanisation excessive avec des sols trop bétonnés et ainsi mal imperméabilisés. La reconnaissance visuelle, grâce à l’analyse d’images satellites, est déjà tout à fait en mesure de cartographier l’emprise des hommes sur le territoire grâce à une analyse régulière du taux de bétonisation des sols et ainsi automatiquement détecter un danger.

Il y a beaucoup de façons dont l’IA peut être mobilisée pour aider les hommes à comprendre leur impact sur l’environnement et agir en conséquence. En France nous pouvons envisager de créer une base de données comprenant la consommation électrique (via le compteur Linky), les données de pollution de l’air, la pluviométrie et l’ensoleillement. L’utilisation de ces chiffres permettraient d’ajuster les besoins et donc la production en temps réel, et pourraient faire baisser les émissions polluantes. Nous pourrions aussi cartographier les espèces vivantes ou la déforestation dans le but de restaurer les écosystèmes régionaux et globaux.

Ces outils d’observation permettent ensuite d’agir efficacement et avec précision pour protéger l’environnement. Et c’est cette précision d’analyse qui fait la force de l’IA, notamment dans des espaces sensibles tels que les récifs coralliens. En effet, il est extrêmement difficile de documenter et donc de protéger la vie sous-marine, mais le développement de robots intelligents munis de technologies de reconnaissance visuelle rend cela possible. Par exemple, le RangerBot développé par l’Université du Queensland en Australie est non seulement capable de surveiller la santé des récifs de la Grande Barrière de corail, mais également de repérer avec une grande précision (99,4%) l’étoile de mer qui les décime et y injecter une toxine mortelle. Le robot utilise un système de vision par ordinateur pour se déplacer et surveiller, en lieu et place des systèmes acoustiques habituels. Cette technologie n’est pas seulement plus précise et pertinente, mais elle est aussi moins chère à produire, ce qui permet d’envisager un déploiement à grande échelle.

La question d’échelle est au cœur du défi de la transition écologique. C’est pour cela que Veolia Recyclage a fait appel à Max AI sur son site d’Amiens en France, un robot intelligent qui trie automatiquement les déchets ménagers et améliore leur recyclage. Il est capable d’effectuer 3600 gestes de tri par heure, contre environ 2200 pour un opérateur humain, et de reconnaître certains types de déchets indésirables sur le tapis roulant d’une chaîne de tri et de les en écarter. La France s’étant fixé comme objectif de réduire de moitié le volume de déchets mis en décharge d’ici à 2025 et de recycler 100% des plastiques à cet horizon, il est indispensable de mieux trier pour améliorer le recyclage, et tous les grands acteurs du secteur s’accordent à dire que l’IA est la solution. En effet, Veolia n’est pas le seul groupe à moderniser ses centres de tri. Suez a investi 15 millions d’euros dans son centre situé dans le Val-de-Marne, équipé de six machines de tri optique, et Paprec a mis en service l’an dernier un centre important doté de trieurs optiques dans les Alpes-Maritimes.

Les Marches pour le climat en France, la victoire des Verts en Bavière et la progression des écologistes en Belgique récemment prouvent que les citoyens prennent conscience de l’urgence écologique. Côté associatif, l’initiative AI for Good lancée dans la foulée du rapport Villani a pour l’objectif de faire se rencontrer les différents acteurs (associations, chercheurs et entrepreneurs en IA, etc.) pour trouver des solutions « aux grands enjeux sociétaux ». Pour inciter les entreprises à participer à la transition écologique, le député préconise notamment la création de fonds spécifiques, destinés à financer via la BPI ou la FrenchTech les entreprises porteuses de projets à visée environnementale. Les nouvelles avancées en IA peuvent donc être motrices de nouvelles initiatives par les entreprises pour leur propre bien et celui de la planète.

Article publié dans le blog d’Augustin Marty de l’Usine Nouvelle.

Augustin Marty est le PDG et co-fondateur de deepomatic, start-up spécialisée dans le développement de solutions de reconnaissance d’images pour les industriels. Diplômé de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, il a créé sa première entreprise en Chine à l’âge de 22 ans, puis a travaillé notamment pour Vinci Construction sur la vente et la conception de projets d’ingénierie.

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