Les chantiers du BTP s’équipent des technologies de reconnaissance vidéo

byaugustinm
000712449_image_896x598
Les chantiers du BTP s’équipent des technologies de reconnaissance vidéo

L’IA est en train de révolutionner le monde de l’industrie, et les technologies de reconnaissance vidéo en particulier font déjà leurs preuves dans de nombreux secteurs tels que l’encaissement automatique ou le contrôle de qualité, mais il semblerait que celles-ci prennent de plus en plus d’envergure dans d’autres domaines moins cités en termes d’innovation, et pourtant tout aussi prometteurs, tels que le BTP.

Bien loin des clichés d’un secteur à la traîne, les acteurs du BTP sont en train de suivre le mouvement et d’adopter la reconnaissance vidéo sur les chantiers afin de surveiller de près leurs opérations et développer leurs dispositifs de sécurité.

Concrètement, comment un dispositif de reconnaissance vidéo pourrait être exploité sur un chantier BTP? Il suffit de placer quelques caméras aux frontières du chantier et de se doter d’une caméra panoramique pour avoir une vue globale de l’espace. Ces caméras seraient équipées d’un système de reconnaissance vidéo entraîné à reconnaître les humains, les machines, et les équipements. Ce dispositif permettrait d’extraire des informations précieuses pour la gestion quotidienne du chantier et son suivi. Le fabricant d’équipement Komatsu, par exemple, a choisi la reconnaissance vidéo pour réaliser la surveillance de ses chantiers avec l’aide de la technologie d’NVIDIA. Ils ont mis en place une visualisation 3D des sites de construction avec suivi en temps réel de l’interaction des personnes, des machines et des objets connectés dans le but d’améliorer la sécurité des sites.

Le premier avantage d’un tel dispositif est le renforcement de la sécurité des personnes sur le chantier. En effet, malgré une baisse du taux d’accidents du travail sur les chantiers, ce secteur connaît encore un nombre d’accidents importants et récurrents: 88 273 accidents en 2016 dont 112 décès. Malgré les progrès, le secteur reste l’un des plus sinistrés. Les manutentions manuelles et les chutes représentent toujours les causes les plus fréquentes d’accidents du travail. Le port obligatoire des équipements de protection individuels (EPI) est donc un enjeu essentiel, à surveiller de près par les entreprises du BTP afin de  protéger leurs ouvriers.

La reconnaissance vidéo peut leur venir en aide, avec l’installation de caméras capables de détecter aussi bien le non port des EPI qu’une proximité dangereuse entre un humain et une machine. C’est ce qu’a fait le constructeur d’engins Colas, en partenariat avec Volvo CR. Ils ont équipé des chantiers en Suisse d’un système de détection de personnes avec IA intégrée dans le but d’assister le conducteur d’engin dans son travail en l’alertant lorsqu’une personne est détectée à proximité de sa machine. De plus, des algorithmes de détection sont en mesure de notifier le chef de chantier en temps réel si un ouvrier ne porte pas ses équipements.

Le deuxième avantage est la protection du chantier en lui-même. Les caméras installées peuvent également faire office de caméras de vidéosurveillance intelligentes en détectant des intrusions et en prévenant les autorités compétentes en temps réel d’un vol ou de dégradations de matériaux ou d’équipements. Lorsque l’on sait que la quasi-totalité des départements français sont touchés, et les entreprises du BTP de toutes tailles sont visées par des actes délictueux, combiné au fait que le coût de ces actes de vandalisme sur les chantiers est globalement évalué par la FFB au minimum à 1% du chiffre d’affaires du secteur du bâtiment, soit plus d’un milliard d’euros, l’on perçoit aisément les gains financiers qu’un tel dispositif de vidéosurveillance intelligente représentent.

Enfin, ces diverses applications réunies peuvent servir à mesurer la “santé” d’un chantier, son bon déroulement et ses avancées au long terme. En effet, par l’intermédiaire de la détection d’individus et de machines, il est possible de connaître la fréquentation du chantier et quantifier son activité, son mouvement, le nombre de machines sur place etc. Pour les opérationnels, ces indicateurs permettent de suivre et de comprendre en direct le dynamisme de chaque chantier et d’en augmenter la productivité.

Concluons toutefois ces belles promesses avec une note de mise en garde. Deux conditions sont indispensables à l’adoption de l’IA sur les chantiers du BTP pour en tirer le maximum de bénéfices. D’abord, il faut garantir l’anonymat des employés. Les informations relevées par les caméras intelligentes doivent servir à la protection et au suivi global du chantier, et non au traçage d’un individu en particulier. Ensuite, il faut être en mesure de planifier un pilotage à l’échelle en rassemblant les différents bénéficiaires : sécurité et sûreté, hygiène environnement, direction de la production, et garantir un système en mesure de distribuer l’information aux différents bénéficiaires.

C’est sous ces conditions que le BTP pourra réellement exploiter et bénéficier des ressources offertes par la reconnaissance vidéo. Cette collaboration entre industrie et technologie est aussi une opportunité supplémentaire pour les acteurs de l’IA de prouver que la technologie est viable à une échelle industrielle.

Article publié dans le blog d’Augustin Marty sur l’Usine Nouvelle

Augustin Marty est le PDG et co-fondateur de deepomatic, start-up spécialisée dans le développement de solutions de reconnaissance d’images pour les industriels. Diplômé de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, il a créé sa première entreprise en Chine à l’âge de 22 ans, puis a travaillé notamment pour Vinci Construction sur la vente et la conception de projets d’ingénierie.

EN VOIR PLUS

Notre Blog